Retro C Trop – Château de Tilloloy – 25-26 juin 2016
A peine née, déjà culte !
Tilloloy dans la Somme. Un petit village au milieu de nulle part dans une région sinistrée par la (les) crise(s). Un authentique château classé monument historique, et un agréable parc arboré complètent le tableau. Ajoutez-y un producteur de spectacles prêt à se lancer dans un pari un peu fou, et vous obtiendrez le festival Retro C Trop, dont la première édition s’est déroulée le week-end dernier.
Le concept est simple, faire un festival musical tournant autour de la musique des années 60 à 80, en jouant au maximum sur le côté « vintage ». Pari réussi me semble-t-il, surtout à l’aune du nombre de spectateurs présent pour le concert de clôture dimanche soir.
Certes, l’organisation des prochaines éditions sera à peaufiner. J’imagine que tous les géants de la catégorie ont débutés ainsi. Je serais même prêt à parier qu’il en ait parmi eux qui ont débutés de manière encore bien plus improvisée.
Ambiance bon enfant garantie, avec expo de voitures carrossées 60’s, puces rétro, disquaires ambulants et inévitables débits de boissons et stands de restauration.
Côté musique, l’affiche promettait d’être alléchante, et la promesse fut presque tenue. Dans l’ensemble, tous les artistes ont mouillés la chemise et ont donnés de bonnes, voire très bonnes prestations. A tout seigneur, tout honneur, la palme reviendra à ZZ TOP. Comme à l’accoutumée, les pistoléros texans ont donnés à leurs nombreux fans un concert de très haut vol. Je ne vais pas faire le coup du Bordeaux qui se bonifie en vieillissant, ils ont toujours été magistral sur scène et ils le restent au fil du temps. Chapeau (texan) bas…
La prestation de Scorpion m’a semblé très insipide, il faut dire qu’à la base, je ne suis pas très fan. Par ailleurs, même si les musiciens se sont parfois rapprochés, leur répartition sur cette scène immense ne donnait aucune impression d’unité.
Dans la série déception, j’ajouterai Ten Years After (Que vaut un groupe dont l’unique leader est parti depuis bien longtemps ?) et Steve ‘n’ Seagulls, le groupe finlandais qui malgré de vrais efforts eu toutes les peines du monde à me convaincre. Pire, ce fut presque pénible de les entendre reprendre Black Dog de Lep Zeppelin. Un vrai massacre en bon et due forme…
Les bonnes surprises, elles, n’ont pas manquées. Citons par ordre d’apparition, Mike Sanchez, le pianiste chanteur venu d’outre-Manche, à qui est revenu la terrible charge d’ouvrir le festival. Son rythm’n’blues mâtiné de rock’n’roll, entrainant et sans prétention, tient parfaitement la route, bien épaulé qu’il est par le frenchy du groupe, le guitariste Pascal Fouquet.
On peut se demander ce qu’Hubert Félix Thiéfaine est venu faire ici, certes… Mais son récital, interrompu par deux fois par une panne de courant, aura été lui aussi de grande qualité.
Ben Miller Band, un groupe du Missouri qui ouvre fréquemment pour ZZ Top, entame l’après-midi du 26 juin avec un set qui nous livre une partie de la bibliothèque sonore américaine. Roots et déjantée, la prestation s’avère délicieuse. Ou comment une musique éculée se réinvente perpétuellement.
A l’inverse de Ten Years After, Jethro Tull, autre rescapé des 60’s, possède toujours son leader et de fait, son âme. Sans avoir profondément changé son registre rock progressif, le groupe, gorgé de sang neuf, insuffle encore parfaitement l’esprit de l’époque qui l’a vu naître et Ian Anderson possède toujours l’envie et l’énergie nécessaire pour faire vivre sa musique.
Au final, deux jours forts sympathiques qui je l’espère, ne resteront pas sans lendemain.
Patrick Guillemin 30 juin 2016