Jazz sous les Pommiers Acte IV – 13 mai 2015
Demi-teintes…
Comme toujours dans un festival, les journées se suivent et ne se ressemblent pas. Rien d’anormal à cela, la vie est ainsi faite.
Bien connu des amateurs de jazz, Jacky Terrasson aimerait semble-t-il sortir un peu de cet univers pour s’ouvrir à d’autres horizons musicaux. C’est du moins ce qu’il laisse entendre sur son dernier disque et qu’il assume pleinement.
C’est ce nouveau projet qu’il est venu défendre en compagnie de Syl Johnson sur la scène du théâtre de Coutances hier en fin d’après-midi.
Changer d’univers musical tout en restant fidèle à ses racines n’est jamais chose aisée, et ce n’est pas ce que j’ai pu entendre hier qui le démentira. Certaines œuvres revisitées comme le « Come Together » des Beatles sont fort agréable. Mais pour autant, l’ensemble manque de sang et de tripes.
Bien qu’elle n’ait pas changée d’univers musical depuis son apparition il y a une dizaine d’années, je pourrais faire le même commentaire sur Liz Wright.
Je me rappelle de ses débuts sur la scène de Jazz à Juan. A l’époque, je m’étais fait la réflexion que tout cela était très bien travaillé mais sans feeling. Dix ans plus tard, mon avis n’a pas changé. Tout est parfait mais ne réveille pas la moindre émotion en moi. L’essentiel étant pour elle que le public suive, ce fut incontestablement le cas hier soir à Coutances.
A me lire, certain pourront penser que j’étais plutôt d’humeur chagrine. Et bien non, car un jeune et beau héros est arrivé pour sauver la soirée. OK, j’arrête d’écrire des âneries.
Plus sérieusement, Kyle Eastwood finit petit à petit par se faire un prénom ce qui n’a pas dû être des plus faciles quand on a un père qui est un monument avec un grand M. Qui plus est, être leader quand on est bassiste relève de la gageure.
Pourtant, à force de travail et de maturité, l’homme est en train de réaliser ce qui est sans doute son rêve : être jazzman.
J’avais beaucoup aimé sa prestation au Paris Jazz Festival l’an dernier. Elle montrait un musicien en pleine maturation qui doucement prend possession de son art. Son concert d’hier soir à Jazz sous les Pommiers n’aura pas démenti ce ressenti, pas plus que la couleur hard bop de son dernier disque. Son orchestre voit l’arrivée d’un nouveau batteur, au swing ravageur, et d’un tout aussi nouveau – et bon – saxophoniste, sans que son équilibre en soit bouleversé. Les nouvelles recrues se sont parfaitement intégrées à l’univers d’Eastwood.
Beau concert comme on aimerait qu’il puisse y en avoir plus souvent.
Pour l’anecdote, Kyle Eastwood qui se partage maintenant entre la France et les U.S.A, s’est pris d’affection pour notre langue, ce qu’il nous a montré tant à sa conférence de presse, que sur scène. Sympa.
Patrick Guillemin – 14 mai 2015