Jazz in Marciac Acte I – 29 juillet 2015
Ayant raté les deux premiers jours, c’est en raccrochant les wagons que je prends le train de cette 38ème édition de Jazz in Marciac. Une édition qui commence sous un ciel plombé et pluvieux. Mais, « show must go on », ce n’est pas trois goûtes de pluie qui vont nous empêcher de profiter pleinement du spectacle.
Branle-bas de combat, le premier ministre himself personnellement en personne est sur les lieux ce qui a pour effet de mettre toute l’organisation sans-dessus dessous.
Chick Corea qui ouvre la soirée pour une conversation en solitaire avec son instrument a la politesse de remercier Monsieur Valls de sa présence. Mal lui en a pris, le public réagit brusquement et l’interpelle. L’homme, non sans humour, répond sans se démonter qu’il n’a pas lu les journaux…
Prolifique, ne se cantonnant pas au jazz, explorant à peu près tous les univers musicaux avec une affection particulière pour le classique et le jazz fusion, on ne présente plus Chick Corea. L’exercice de piano solo auquel il se livre a tout pour relever de la berceuse et envoyer tout le monde au lit bien avant l’heure. Mais c’était sans compter sur les ressources du musicien. Outre son incontestable talent, l’homme, d’humeur joviale et communicative parvient à faire bouger, et chanter, le chapiteau. On a même droit au fan invité sur la scène pour qui Chick Corea se lance dans une improvisation dont il a le secret, et à une autre fan, apprentie virtuose, qui joue à quatre mains avec le maestro.
Bref, du spectacle… Sympathique mais sans grande émotion pour ce qui me concerne.
Tout autre est le concert donné par Stanley Clarke qui avec sa joyeuse bande de très jeunes musiciens, est venu nous présenter son dernier disque : Up
Peu réceptif au jazz/rock ou fusion dans lesquels je l’ai vu officier en virtuose de son instrument jusqu’à présent, je dois dire que j’ai pris beaucoup de plaisir à le voir évoluer avec des « gamins » à peine sorti de l’école, plein de respect pour lui, mais pas prêt à s’en laisser compter. Je serai toujours étonné de ce vivier musical que sont les Etats-Unis.
Il est probable que nous reparlerons un jour de Beka Goshiashvili, pianiste géorgien, Cameron Graves, organiste et Michael Mitchell, batteur.
Après un début tonitruant épicé à la sauce funk, une jeune et belle chanteuse au doux nom de Natacha vient rendre hommage à Billie Holiday, avant que Stanley Clarke n’invite son ami Chick Corea à venir le rejoindre sur scène et qu’ensemble ils repartent à l’assaut d’un public qui ne demande que ça.
Une très belle reprise de John Coltrane viendra couronner le fruit de leur échange musical avant que l’orchestre ne reprenne, pour un premier rappel, l’un des hymnes de Stanley Clarke composé en 1976 : School Days.
Le public est aux anges, debout devant la scène, conquis, acceptant comme une offrande le deuxième rappel avant que les lumières ne s’éteignent définitivement sur la soirée et que la pluie nous rappelle à la dure réalité de ce monde…
Patrick Guillemin – 30 juillet 2015