Jazz in Marciac – 4 août 2016 – Retraité flamboyant
C’est un jeune retraité de 85 ans qui est venu faire son unique concert de l’été, hier soir sous le chapiteau de Jazz in Marciac.
Retraite relative, puisque l’intéressé vient quand même d’enregistrer deux albums et que pour cette occasion, il avait invité deux « guests stars » à l’accompagner sur scène, Mina Agossi et Abd El Malik.
Ce jeune retraité, qui s’est paraît-il fait tirer l’oreille pour venir jouer hier soir sur scène, n’est autre qu’Ahmad Jamal, l’un des derniers grands créateurs de jazz afro-américain encore en exercice. Un monument, c’est le moins que l’on puisse dire.
J’ai toujours été assez hermétique à la musique d’Ahmad Jamal, ce qui n’est en rien un jugement de valeur, mais je dois dire qu’hier soir, il a su me transporter vers son univers musical. Univers musical pour le coup plus swinguant et caribéen, beaucoup plus proche de ce que j’aime écouter.
Plein d’une énergie que l’on rêverait d’avoir au même âge, généreux, joyeux, talentueux (est-il encore nécessaire de le dire le concernant ?), Ahmad Jamal comble un public venu nombreux pour l’écouter. Pour sa plus grande joie, sans doute, et la nôtre, le chapiteau est plein.
Chapiteau qui fera également une longue acclamation à Shahin Novrasli, le pianiste arménien dont c’est la première apparition sur la grande scène de Jazz in Marciac.
Présenté par Ahmad Jamal, assis aux côtés de Jean-Louis Guilhaumon, Shahin Novrasli s’est attelé hier soir au difficile exercice du piano solo avec une grande maestria. On aime, ou pas, cette longue improvisation qui tient bien plus de la musique classique que du jazz, mais le musicien ne peut laisser indifférent. A écouter les applaudissements, il semble que la prestation a été appréciée.
Shahin Novrasli n’est parfois pas sans rappeler un glorieux ainé, Keith Jarrett. A ceci près qu’avec le milliardième du bruit que nous avons fait avec nos escopettes, Jarrett aurait fermé le piano et serait parti…
Patrick Guillemin – 05 août 2016