Jazz in Marciac – 1er août 2016 – Entre hommage nostalgique et futur bling-bling
C’est peu dire que les concerts donnés hier soir sous le chapiteau de Marciac ont présentés des différences de style et d’approche.
Stéphane Belmondo a pour Chet Baker une tendresse particulière bien compréhensible. Et pas simplement parce qu’ils pratiquent le même instrument. C’est peu dire que le « trompet hero » a eu une influence majeure sur son cadet « frenchie ».
Premier prix du conservatoire de Marseille, Stéphane Belmondo n’a que dix-neuf ans quand Chet Baker frappe à sa porte pour lui dire tout le bien qu’il pense de lui. Imaginez un peu…
La relation sera brève mais déterminante. La rencontre a lieu en 1986, Chet à le mauvais goût de se défenestrer (ou de l’être ?) deux ans plus tard.
D’hommages discrets en formations comportant des anciens musiciens du maestro, il aura fallu près de trente ans à Stéphane Belmondo pour se décider à faire un album entier dédié à son mentor.
Entouré du guitariste Jesse Van Ruller et du contrebassiste Thomas Bramerie, c’est ce beau projet qu’est venu nous présenter hier soir Stéphane Belmondo sur la grande scène du chapiteau. Scène un peu trop grande à mon goût pour un concert somme toute assez intimiste. Mais peu importe, l’esprit était là et le trio n’a pas failli devant l’obstacle, bien au contraire.
Tout autre était la suite…
Ibrahim Maalouf est désormais célèbre et encensé par la critique. Mis dans la case jazz sans que l’intéressé lui-même ne revendique aucunement d’être musicien de jazz.
Il était hier soir sur la scène de Marciac, sous un chapiteau plein comme un œuf, pour roder ce qui préfigure sans doute son futur concert à l’AccorHotels Arena de Paris.
Carton plein, public ravi et prêt à donner de la voix pour son idole, orchestre high tech, jeu de lumières digne d’un concert de rock’n’roll, bref tout y est… Sauf l’authenticité peut-être…
On passe de l’électro funk, au reggae, à l’électro, au jazz (si, si, je vous assure…) avec une aisance qui doit en scotcher plus d’un…
De l’enfance difficile au Levant, de ses racines, de l’essence profonde de sa vision musicale qu’il entendait nous faire entendre, que reste-t-il ?
L’homme a trouvé le bon filon et rencontré le grand public, ce que nul ne peut lui reprocher et surtout pas moi. Et tant pis si pour cela il lui a fallu passer un pacte faustien…
Patrick Guillemin – 2 août 2016