Jazz in Marciac – 7 août 2016 – Relève assurée
Chaque année, pour l’une de ses deux apparitions, Wynton Marsalis vient à Marciac avec une production spécifique pour le festival. Ce qui pourrait paraître anodin est en réalité une vraie performance quand on sait tout ce que ce boulimique de travail absorbe dans une année.
Hier soir, il s’est agi pour lui de réunir de jeunes pousses prometteuses pour les présenter dans un unique concert au public gersois. Nous faire découvrir ce que sera le jazz de demain – si seulement il pouvait ressembler à ça – transmettre, aussi, sans doute.
Comme très souvent, l’objectif est atteint et ces jeunes musiciens ont été parfaitement à la hauteur. Dans un registre traditionnel qui fleurait bon le blues, nous avons passé un excellent moment. Un moment plein de générosité, l’une des marques de fabrique du Louisianais, ou l’on devine que pour en arriver là, il a fallu travailler dur.
Particularité du concert, une jeune et jolie joueuse de claquettes a porté par moment la réplique aux musiciens. Belle performance, intéressante, ou là encore ce qui parait couler de source réclame un énorme travail physique et artistique.
Si je n’ai pas été étonné de m’être pris au jeu de la prestation de Wynton Marsalis et de son orchestre, je ne m’attendais pas du tout à l’heureuse surprise qu’a constitué le trio Cyrus Chestnut, Buster Williams, Lenny White.
Certes, on n’a rien inventé, John Coltrane a clôt ce registre dans les années soixante, et en apparence, ça n’a rien d’une musique savante. Mais écouter ça est un pur moment de bonheur. Les standards qu’ils jouent sont exécutés par trois musiciens au sommet de leur art. Les mélodies du pianiste, aériennes et bluesys, sont appuyées par la rythmique au swing sans faille de Lenny White et Buster Williams.
On en aurait bien écouté un peu plus… Enfin, pour ceux qui étaient présents. Car depuis le début du festival, je n’ai jamais vu aussi peu de monde sous le chapiteau.
Je trouve cela regrettable, à double titre. D’abord pour les artistes, tous de très grands musiciens, et aussi pour le festival.
Une pure soirée jazz afro américain désertée par le public, sans doute lassé ou blasé. Dommage, vraiment dommage.
Patrick Guillemin – 08 août 2016