Jazz in Marciac – 3 août 2016 – Le sacre d’une reine
Le titre pourrait paraître racoleur, voire quelque peu usurpé, mais non, c’est bien au sacre de la reine Lisa Simone que nous avons assisté hier soir sous le chapiteau de Jazz in Marciac.
Une couronne que cette femme de caractère a conquise avec son talent, ses tripes, son cœur, son histoire personnelle qui n’a pas été sans drame, et enfin avec cette formidable machine à émotions qu’est la musique noire américaine et la lourde charge sensorielle et historique qu’elle contient.
L’an dernier, elle était venue pour la première fois à Marciac, en première partie, et avait déjà fait sensation.
Hier soir, ce fut un triomphe pour cette femme de talent et de cœur, servie par une énergie et une grâce impressionnante.
L’orchestre reste le même. Hervé Samb, fin guitariste et poutre centrale du groupe, est parfaitement épaulé par Reggie Washington à la basse et Sonny Troupé à la batterie.Les morceaux ont bien entendu complètement changé mais restent sur une base Soul/Blues. L’ombre de Nina Simone plane sur le chapiteau, et il n’est pas un concert ou Lisa, sa fille, ne lui rende un hommage sincère et touchant.
Pour la seconde fois depuis le début de cette édition, le chapiteau est plein et il ne fait pas l’ombre d’un doute que les gens sont venus pour elle. Preuve s’il en est, que la musique noire américaine a encore sa place aujourd’hui en France.
Le public est conquît, debout, en liesse, envouté par cette femme talentueuse et généreuse. Loin, très loin de la musique creuse et savante des Snarky Puppy ou du show bling-bling d’Ibrahim Maalouf.
Et comme un bonheur n’arrive jamais seul, la première partie est animée par la jeune, belle et non moins talentueuse Cyrille Aimée.
Une artiste dont on commence à parler depuis quelques mois, et qui à mon avis est promise à un bel avenir pour peu qu’elle sache garder cette fraicheur et cette spontanéité qui semblent sa marque de fabrique.
Les musiciens dont elle s’est entourée la servent parfaitement, et elle-même met beaucoup de conviction dans ses interprétations. Touchant ainsi le public par l’authenticité de son chant. A revoir bientôt ici même, je l’espère.
Bref, une belle soirée ou les filles ont montré une fois de plus qu’elles sont l’avenir de la musique… Et de l’homme aussi, bien entendu…
Patrick Guillemin – 04 août 2016