Jazz in Marciac Acte VIII – 6 août 2015
Acte manqué…
Jazz in Marciac, 6 août 2015. La soirée est placée sous le signe de l’Afrique et de ses couleurs musicales chaudes, berceau de bien des rythmes actuels, qu’il s’agisse de musique brésilienne, cubaine ou afro-américaine. Héritage de l’esclavage et de la déportation des millions d’Africains, principalement de l’Ouest, vers le nouveau monde.
Il est malheureusement assez rare que les festivals autres que ceux dédiés aux musiques dites du monde accueillent des musiciens africains. C’est donc avec beaucoup d’envie que j’attendais ces deux concerts.
Quand Salif Keita arrive sous le chapiteau de Marciac pour faire les balances et régler sa guitare en cette chaude après-midi d’août, rien ne laisse augurer de ce qui va se passer le soir, pendant le concert.
Pas même ce méchant effet de larsen qui a traversé soudain la salle. Et pourtant…
Pour le coup, Salif Keita n’est pas venu seul, avec Cheick Tidiane Seck – dit Black Bouddha – Amadou Bagayoko, Idrissa Soumaoro et quelques autres, il a reformé pour un temps le groupe de ses débuts : Les Ambassadeurs. En 1973, le groupe, composé de musiciens venus de divers pays, d’où son nom, anime les nuits de Bamako avant de partir pour Abidjan en 78.
Exceptionnellement, car les équipes de Marciac sont de grosses pointures, tant au son qu’à la lumière, la sonorisation du concert est mal ajustée. Les larsens partent dans tous les sens, principalement au fond de la salle et sur les côtés, vidant le chapiteau en un clin d’œil. L’erreur est vite réparée, mais le mal est fait. Et puis, il faut bien reconnaître que le spectacle n’a pas été à la hauteur de mes espérances et que j’ai eu la sensation d’écouter la même chose tout le concert. J’ai connu beaucoup, beaucoup mieux de la part de ces musiciens chevronnés et de renommée internationale. Ajoutez à cela que le public de Marciac n’était peut-être pas totalement préparé à écouter ce style de musique. Dommage… Heureusement qu’il est resté une poignée de fidèles pour danser avec Salif Keita et finir en beauté.
En première partie, Dhafer Youssef, musicien tunisien pratiquant le oud, instrument traditionnel arabe, vient nous présenter son sixième enregistrement : Birds Requiem, mélange de musique orientale et contemporaine ou le chant à une grande importance. Sa belle voix, haut perchée, restitue beaucoup d’émotions et le mariage des deux mondes est assez harmonieux.
Enfin, bien que je n’ai assisté qu’aux balances, je tenais à signaler la venue sur la scène de l’Astrada d’Enrico Rava, le grand trompettiste italien à qui le jeune orchestre qui l’accompagne (à eux trois ils ont cinq ans de moins que lui…) a redonné une seconde jeunesse. Une prestation sans nul doute de haut vol que j’aurais beaucoup aimé voir, mais, on ne peut pas tout faire…
Patrick Guillemin – 7 août 2015