Jazz in Marciac Acte V – 2 août 2015
L’air se réchauffe…
Après la déferlante de notes froides, changement de décors, le Brésil et sa musique chaude et dansante s’invite sous le chapiteau de Jazz in Marciac.
Très belle soirée qui en deux tableaux va lever le voile sur un pan de la diversité musicale de ce pays (presque) continent, ou plus qu’ailleurs le brassage des peuples a accouché d’une culture spécifique et colorée.
Le premier tableau est peint à quatre mains par le bandolimiste Hamilton de Holanda, surnommé le Jimi Hendrix du bandolim aux Etats-Unis tant sa virtuosité sur l’instrument est impressionnate, et par le chanteur Diogo Nogueira. Avec moins de quarante ans au compteur, le duo appartient à une génération de musicien qui a assimilé toutes les racines de la musique brésilienne, passées et présentes – Bossa nova, choro, samba, jazz, musique folklorique – mais aussi d’autres influences moins brésiliennes, pour en faire une synthèse intéressante musicalement, plaisante à écouter et totalement crédible.
Hamilton de Holanda commence l’apprentissage de son instrument à cinq ans et le pratique avec une telle habileté qu’il va même jusqu’à y ajouter une cinquième double corde pour en augmenter la portée instrumentale. Comme évoqué plus haut, sa renommée est internationale et la soirée d’hier sur la scène de Jazz in Marciac n’est pas une première pour lui.
Ce qui est nouveau, c’est le duo complémentaire qu’il forme avec le chanteur Diogo Nogueira, un latin lover à la voix expressive, qui sait mettre de l’émotion dans son chant et lui donner vie et couleurs.
Le public ne s’y est pas trompé, le chapiteau est plein et il y a fort à parier que ce n’est pas simplement le duo « Caetano & Gil » qui a rameuté les gens.
On ne présente plus Caetano Veloso et Gilberto Gil dont on pourrait résumer les carrières prolifiques par deux mots apparemment assez dissemblables : musique et engagement politique.
Dans les années 60, mélangeant bossa nova, musique traditionnelle brésilienne et rock’n’roll, nos deux compères inventent le « tropicalisme » avec quelques autres musiciens dont Chico Buarque. Une musique engagée à gauche qui leur vaudra les foudres du gouvernement militaire et les conduira à la case prison.
Loin d’une musique trop « World » à mon goût, les deux guitaristes entament hier soir sur la scène de Jazz in Marciac un agréable concert de ce que l’on pourrait qualifier de folk brésilien. Une prestation qui complète parfaitement le set d’Hamilton de Holanda et Diogo Nogueira.
La musique adoucit les mœurs parait-il, c’est l’humeur joyeuse que je rentre au bivouac.
Demain nous resterons sur le continent sud-américain, à quelques encablures du Brésil, Cuba et sa culture débarque pour une soirée qui s’annonce tout aussi chaude que la précédente…
Patrick Guillemin – 3 août 2015