Jazz in Marciac Acte IV – 1 août 2015
Feeling or not feeling, telle est la question…
Ca y est ! Le soleil montre enfin le bout de son museau et la vie soudain reprend des couleurs… et quelques degrés salutaires pour un début août… C’est pas encore parfait mais on s’y croirait presque.
Tonight, deux chevaliers de la guitare jazz croisent le fer sur la scène du chapiteau. A ma droite, le ci-devant Lee Ritenour 63 ans. Une allure de jeune premier mais une carrière de musicien à faire pâlir d’envie nombre de ses coreligionnaires. A ma gauche, Larry Carlton 67 ans et un cv qui ne tiendrait pas dans le « Petit Larousse » tant son travail de musicien a été prolifique depuis ses débuts en 1968.
Outre leur âge, tous deux ont en commun d’avoir débuté leur carrière de musicien à une époque « trouble ». Le free jazz vient d’enterrer définitivement le jazz en tant que musique populaire, le rock étant sa suprématie mais cherche des voies alternatives, tandis que la soul musique a remplacé le blues et le jazz dans le cœur de sa communauté et accompagne les siens dans sa lutte pour les droits civiques.
Pour ne pas devenir une pièce de musée, Miles Davis et quelques autres sont contraints de se « réinventer » totalement et d’aller chercher un nouveau public. Ce sera le jazz/rock/fusion, les albums « In silent way » et surtout « Bitches brew », le concert de l’île de Wright et une palanquée de musiciens qui s’engouffrent dans la brèche et sont aujourd’hui des monuments.
Lee Ritenour et Larry Carlton sont de ceux-là et leur venue sur la scène de Jazz in Marciac n’a donc rien d’incongrue.
Grands techniciens, capables de tout jouer, l’un comme l’autre nous ont concocté un diner à base de funk, de jazz, d’un soupçon de fusion et surtout d’une pincée de blues pour Larry Carlton (influence de B.B King oblige). Tout est tiré à quatre épingles et réglé comme du papier à musique (sic)… Mais bon sang, ou est donc passé l’émotion sans qui l’art n’est que conjecture intellectuelle ? Dilué par la pluie tombée ces derniers jours sans doute…
Sans doute aussi ont-ils oublié, dès leurs débuts, qu’un artiste qui se produit sur une scène pour y jouer de la musique vivante doit se « mettre à poils » sur scène tous les soirs et vider son âme et son cœur pour espérer toucher celui du public. Lisa Simone l’a parfaitement compris, elle qui en une dizaine de minutes a mis le public de Marciac dans sa poche.
Hier soir le chapiteau n’était pas bien plein, et cette fois, plus de météo comme prétexte à trouver pour le justifier.
Patrick Guillemin – 02 août 2015