Jazz sous les Pommiers Acte III – 12 mai 2015
Les braises sont encore chaudes…
Lorsque je vous ai quitté samedi soir, c’était au terme d’une journée radieuse que les grands anciens avaient bénis, voyant avec quel bonheur leur descendance avait repris le flambeau.
La soirée d’hier n’en aura pas été moins belle, même si honnêtement je m’attendais à un peu mieux.
Que peuvent bien faire ensemble un bluesman de Bâton Rouge, Louisiane, j’ai nommé Larry Garner, et un musicien allemand, Michael van Merwyk ? Jouer du blues bien entendu !
Certains esprits chagrins pourront penser que l’attelage n’est pas du meilleur cru, mais je les invite à lever leur incertitude la prochaine fois que ce beau duo passera par chez eux.
Leur prestation acoustique est fluide, et joue un blues dont la crédibilité n’est pas un instant mise en doute. Humour et bonne humeur sont au rendez-vous, comme il se doit, et leur show n’est pas sans rappeler un certain Lightnin’ Hopkins, dont ils reprennent Mojo Hand pour finir.
Une très bonne entrée en matière pour ce qui devrait suivre…
La tournée « Muddy Waters 100 » emmenée par John Primer et le Living History Band a été initiée en 2013 pour commémorer le centenaire de la naissance de Muddy Waters. Outre Primer, les musiciens qui compose le band se connaissent parfaitement et jouent ensemble depuis de nombreuses années. La « machine » est donc bien rodée. Trop peut être…
Je l’avoue sans peine, c’est ce concert qui m’a amené à croiser la route de Jazz sous les Pommiers.
Bob Margolin, guest star du « Muddy Waters 100 », ça ne pouvait qu’être très tentant. Celui qui a été l’un des derniers musiciens à intégrer le band de Muddy Waters pour y rester huit ans, se fait très rare sous nos cieux.
Et puis, la perspective de voir les deux derniers guitaristes de Muddy croiser le fer amicalement, un peu à la Keith Richards/Mick Taylor des Rolling Stones de la grande époque, était on ne peut plus alléchante.
Malheureusement, la rencontre n’aura pas eu lieu. Certes, Bob Margolin a eu toute la place nécessaire pour s’exprimer et nous avons passé un très bon moment en compagnie de chicagoans de haut vol, qui savent parfaitement faire monter la tension. Les classiques du répertoire de Muddy Waters comme 40 days & 40 nights, Manish Boy et quelques autres n’avaient rien d’une récitation et ont réellement fait passer de l’émotion dans la salle. Mais j’ai eu le sentiment que tout cela était un peu trop bien rodé et qu’il ne fallait surtout pas voler la vedette à John Primer. Dommage…
Prenons le verre à moitié plein, nous avons pu entendre hier soir que le blues n’est pas complètement éteint. Une poignée de musiciens est encore capable de souffler avec bonheur sur les braises. Je vais finir mon papier sur cette note d’optimisme…
Patrick Guillemin – 13 mai 2015