Jazz sous les Pommiers Acte I – 8 mai 2015
Juin 1944, Coutances, comme nombre de ses consœurs Normandes, croule sous les bombardements alliés et subit la rage des combats qui vont libérer notre pays après quatre dures années d’occupation nazie.
Quelques décennies plus tard, Coutances est la ville du troisième festival de jazz français : Jazz sous les Pommiers. Une activité qui me semble plus pacifique et fédératrice. L’art et la culture étant à mes yeux les seuls remparts face à la barbarie qui nous entoure.
En matière de jazz joué au violon, il y Didier Lockwood et les autres. Bien malin qui pourrait en citer plus de trois autres, et aucun ne peut prétendre à sa notoriété hormis Jean-Luc Ponty.
Invité vedette de la soirée d’ouverture, le violoniste n’aura pas manqué son entrée. Accompagné de ses complices du jour, Biréli Lagrène et Darryl Hall, le voyage musical auquel il nous convie est gorgé de swing et de mélodie. Et même si je préfère la version de « Gégène » (Gene Vincent… Non pas les dents. Que voulez-vous, on ne perd jamais les scories de son adolescence) du très célèbre « Over the Rainbow », la sienne n’en est pas moins belle. Tout au long de la soirée, la guitare discrète mais efficace de Biréli Lagrène répond à la perfection au violon de Didier Lockwood et à la rythmique imposée par Darryl Hall.
De nombreux classiques viennent égrainer cette soirée, dont une magnifique version du « nuages » de Django Reinhardt, interprétée avec une guest star tout en virtuosité et en charme, Fiona Monbet. Cette jeune femme timide n’est autre que l’une des protégées de l’école du violoniste, et il n’est que d’observer le regard qu’il porte sur elle quand elle joue, pour comprendre l’affection et le respect qu’il lui porte.
Petit détail qui a son importance pour moi, Didier Lockwood n’ayant sans doute pas eu autre chose à faire dans le train qui l’amenait à Coutances, il n’a rien trouvé de mieux que de nous sortir deux compositions testées le soir même avec succès sur le public. Après plus de quarante ans de carrière, c’est quand même plutôt bluffant pour le pauvre terrien que je suis…
Une agréable soirée qui se termine sur un monologue du violoniste qui nous montre que loin d’être dépassé, il sait aussi utiliser les méthodes des rappeurs et autres « modernes » pour les incorporer à son art.
Patrick Guillemin – 09 mai 2015